Puyu-Happy ?!?
Nous quittons la foret pluviale et attaquons notre descente sur la mythique Carretera Australe. La pluie nous accompagne sur les 3/4 de la piste, il pleut meme dans le bus... enclave entre les sommets, la route serpente entre d'etroits champs jonches de troncs d'arbres gigantesques. Nous faisons une halte a Puyuhapi, village de pecheurs. Grand ciel bleu et soleil, genial.
Nous parcourons le village a la recherche d'un hebergement sympa. Une heure plus tard, nous echouons dans une Hospedaje qui ne manque pas d'authenticite.
20 litres de confiture mijotent sur le fourneau. La mamie est gentille, mais ne s'interresse guere a ses hotes, on a l'impression d'etre comme transparents. Le manque d'echanges est assez frustrant, meme ici au coeur d'un village on a encore ce sentiment d'etre des "touristes tiroir caisse" et pas plus.
Nous partons faire qqs courses, le mini mercado ou nous atterrissons vaut le detour. Un silence suspect regne dans le magasin, en effet les moteurs des frigos et congelateurs sont debranches ! On se rabat sur un vieux fromage sous cloche pose sur le comptoir et une tomate bosselee, on ne ressort pas indemne de la carretera ! Il faut sonner pour rentrer dans la maison-boulangerie du village, une seule sorte de pain et deux gateaux maison dans une vitrine et bien sur un fromage sous cloche sur le comptoir.
Nous degustons ce festin au bord du lac, et nous dirigeons vers le bureau d'information cense ouvrir a 15h... nada, cerrado ! Pas facile d'organiser la journee du lendemain, a priori pas de transport collectif, encore moins de taxi, evidemment pas d'agence pour se rendre dans le parc Queulat situe a 25 kms. Une compagne de bus nous dit avoir eu une info concernant un camion qui pourait nous enmener, mais on en sait pas plus. On entend parler d'un autre plan possible avec un pecheur, mais la encore c'est le flou..... Puisqu'ici tout semble complique nous changeons d'option et decidons de continuer notre route. Plus facile a dire qu'a faire ! On nous promene du centre d'appel au minimercado, en passant par les carabineros. Il y a peut etre un bus le lendemain mais il faut attendre 21h pour voir... Nous envisageons le stop mais deux jeunes avec leur sac a dos nous expliquent qu'ils attendent depuis plus de 5 h, il faut dire qu'il ne passe pas plus de 10 voitures dans la journee, ca aide pas !
En attendant nous faisons l'unique balade accessible depuis le village. De retour nous cherchons un bar ou boire une p'tite biere reconstituante, meme ca, y a pas. Cote resto, c'est possible, mais il faut reserver le midi pour le soir. En attendant 21h, un p'tit the et des biscuits chez mamie, elle sortait de magnifiques petits pains rond de son four... on ne les a pas goute, faut pas rever ! Nous partons chez mamie telephone, pas moyen de contacter la compagnie de bus... il reste plus qu'une solution, se lever a l'aube et tenter notre chance.
Nous voici donc a 6h45 a l'angle de la rue, pour voir passer le bus a 20 metres devant nous, malgre nos gesticulations, sifflements et cris intenses, le chauffeur n'a pas tourne la tete. Nous courons derriere le bus, pas un oeil dans le retroviseur...le desespoir nous gagne. Nous sommes aneantis, poses sur le trottoir devant les carabineros qui poliement nous saluent sans se preoccuper de notre triste sort. Nous devons les secouer pour obtenir quelques informations, un hypothetique bus partirait a 13h30, il faut revenir a 9h et interroger la caissiere du minimercado !
En etat de choc, nous regagnons notre chambre a l'odeur indefinissable, entre le renferme, la boule a mite et le moisi ! bref, tout le reconfort dont nous avons besoin...
En attendant nous allons visiter la fabrique de tapis en laine du village. Huit personnes y travaillent avec une dexterite impressionnante. La encore la communication est difficile, elles sont imperturbables.
Nous faisons le pied de grue, a l'arret de bus en croisant les doigts.
A 13h30 un mini bus balafre pointe le bout de son nez, on saute sur le chauffeur... Ouf ! il reste 2 places. Nous faisons des sauts de puces interminables....adieu Puyuhapi !!!
Apres 6 mois de voyage, nos facultes d'adaptations ont faiblis un p'tit coup ! Le bus est extrement inconfortable, la piste defoncee, Sylvie est coince entre Raph et un Cow-boy, genoux dans le menton. Mais nous retrouvons tres vite le sourire, emerveilles par la beaute des paysages.